De la métairie de Saporta au château de Puech Villa
Charles-Gabriel Le Blanc, né en 1680 à Paris, est contrôleur général des gabelles en Languedoc lorsqu’il épouse, en 1710, Elisabeth Besnard, une veuve également originaire de Paris. De seize ans son aînée, elle est mère de dix enfants dont sept vivent encore avec elle. Le couple s’installe à Montpellier où Charles-Gabriel Le Blanc, souvent secondé par sa femme dans ses affaires, amasse une fortune considérable dans le commerce et le transport du sel. Rapidement intégré à la société des notables montpelliérains, gens de finances et grands propriétaires fonciers, Le Blanc acquiert la seigneurie de Puech Villa, les droits seigneuriaux de la terre et des eaux de son nouveau domaine, ainsi qu’une charge de secrétaire du Roi qui lui confère la noblesse. En ville, il possède un hôtel particulier dans la Grand-Rue, une maison et des greniers à sel.
À Puech Villa, les travaux de transformation de la vieille métairie de Saporta en résidence d’été débutent dès 1723, selon les plans de Jacques Desfours, architecte de la ville de Montpellier. Les premiers travaux extérieurs consistent essentiellement à remettre la façade principale au goût du jour : un corps central à fronton et chaînages d’angles en pierre de taille est plaqué sur l’ancien bâtiment, les fenêtres à traverses et à meneaux sont remplacées par des fenêtres à l’italienne et des œils-de-bœuf, les enduits des façades sont refaits.
La demeure gardera encore quelque temps sa silhouette de grand mas. Comme au XVIIe siècle, le logement du fermier devenu à présent la maison du jardinier et les écuries prolongent l’aile est. Le Blanc fait ensuite entièrement rénover et décorer l’intérieur en faisant appel aux meilleurs artisans de la ville. Les murs sont ornés de gypseries, de panneaux de toiles peintes, de tentures d’indiennes, de tableaux à l’huile sur toiles. Les cheminées, surmontées de trumeaux, sont en marbre, les meubles en noyer ou en marqueterie, et la vaisselle en faïence de Montpellier. Au rez-de-chaussée, dans l’aile est où se trouvent les appartements du maître de maison, l’installation de « lieux à l’anglaise » témoigne d’une certaine modernité. Aujourd’hui, seuls de rares éléments du décor du XVIIIe siècle, telles les gypseries du hall et quelques objets mobiliers, demeurent encore en place. Les visiteurs peuvent les voir lors des Journées européennes du patrimoine.
Devant la nouvelle façade, les premiers éléments de décor sont bientôt installés : de part et d’autre du perron central, quatre statues en pierre sur socles provenant du château de la Mosson, voisinent avec de grands vases en pierre contenant des orangers. Elles représentent les quatre saisons.
Deux nouvelles constructions occupent les angles sud-est et sud-ouest de la cour du château. Elles délimitent et encadrent la terrasse qui permet d’admirer le jardin côté sud. Le pavillon sud-ouest sert de lieu d’agrément et de repos. Il abrite une salle-de-bain, une chambre, un cabinet de travail, une salle de billard, mais également une chapelle qui peut accueillir la famille du propriétaire, les domestiques et les ouvriers du domaine. Au sud-est une grande orangerie précède les dépendances agricoles.
De nos jours, la disparition de ces bâtiments, démolis en 1874, comme celle de la partie est du château donnent une image bien différente de ce qu’il était au milieu du XVIIIe siècle. Seuls restent en place, du côté du sud-ouest, le soubassement du pavillon de la chapelle et, en sous-sol, les anciennes caves dont on voit les ouvertures du côté du ruisseau.
Sur le parvis du château, très exposé au soleil, des platanes sont mis en place au début du XXe siècle : six à l’entrée de la cour et huit devant l’aile est. Ces arbres, aujourd’hui veillissants, font l’objet d’une attention particulière. La gestion des différents parcs, jardins et domaines départementaux dans le respect de l’environnement, constitue une priorité pour le Département de l’Hérault. Depuis près de dix ans, la collectivité s’est engagée dans la démarche « Zéro phyto » visant à réduire l’usage des produits phytosanitaires. L’abandon de ces produits particulièrement nocifs est intervenu en 2015, bien avant les échéances réglementaires de la loi Labbé du 1er janvier 2018. Le Département a reçu le 30 mars 2018 le label « Engagé zéro phyto » décerné par la Fédération Régionale de Lutte et de Défense contre les Organismes Nuisibles (FREDON) ; en 2020, il a obtenu le label « Terre saine » qui récompense l’arrêt total d’utilisation de produits phytosanitaires. Ces engagements l’ont conduit à de profondes mutations dans les pratiques d’entretien et ont nécessité un travail de sensibilisation, d’adaptation et d’accompagnement avec une forte implication de tous les acteurs. C’est dans le respect de ces pratiques que sont effectuées les opérations régulières d’entretien du parvis du château.